Changement de programme / Change of program (28 février/February 2022)
Hier, c’était notre dernière journée “mouillée”. Après, il nous faudra une journée entière pour sécher et emballer tout notre matériel en vue de notre retour… J’avais décidé de consacrer ce jour à chercher des crocodiles de mer (Crocodylus acutus). Dans le meilleur des cas, j’espérais même pouvoir entrer dans l’eau avec eux pour les photographier. Pour cela, j’étais entré en contact avec un biologiste de Cozumel, Germán Méndez. Celui-ci nous a gentiment conduit autour de l’île, tout en nous expliquant à quel point le tourisme (bateaux de croisière, constructions, consommation d’eau, rejet des eaux usées…) est dommageable à la nature, notamment les récifs, mais aussi les mangroves.
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Yesterday was our last “wet” day. Afterwards, we will need a whole day to dry off and pack all our equipment for our return trip… I had decided to devote this day to looking for saltwater crocodiles (Crocodylus acutus). In the best case, I even hoped to be able to enter the water with them to photograph them. For this, I contacted a biologist from Cozumel, Germán Méndez. He kindly took us around the island, explaining to us how much tourism (cruise ships, constructions, water consumption, discharge of waste water, etc.) is harmful to nature, especially the reefs, but also the mangroves.
Nos premiers crocodiles étaient trop loin et trop peureux pour pouvoir s’en approcher. Finalement, c’est dans la réserve naturelle dans le sud de l’île que nous avons pu en voir trois de plus près. Malheureusement, interdiction de s’y mettre à l’eau…
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Our first crocodiles were too far and too shy to be able to approach them. Finally, it was in the nature reserve in the south of the island that we were able to see three animals more closely. Unfortunately, it is forbidden to get in the water there…
Après quoi, une séance de photos de mangroves. Germán nous conduit à un endroit très particulier : une mangrove entourant une cénote. Alimentée en eau douce, elle est également en contact avec l’eau de mer. Dans cet environnement saumâtre, on rencontre à la fois des organismes marins (barracuda, lutjans) que des animaux et algues d’eau douce. Je me jette donc à l’eau pour ma dernière séance photos à Cozumel.
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After which, we go for a photo shoot of mangroves. Germán takes us to a very special place: a mangrove surrounding a cenote. Fed with fresh water, it is also in contact with sea water. In this brackish environment, one encounters both marine organisms (barracuda, snappers) and fresh water animals and algae. I glide into the water for my last photo shoot in Cozumel.
Comme toujours, on rentre dans un monde plein de mystères. En levant les yeux, le monde subaquatique se confond avec le monde extérieur contenu dans la “fenêtre de Snell”, à tel point qu’on peut voir de petits poissons qui semblent nager dans les nuages…
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As always, we enter a world full of mysteries. Looking up, the underwater world merges with the outside world contained in the « Snell window », so much so that we can see small fish that seem to be swimming in the clouds…
Les feuilles mortes des palétuviers parsèment le fond.
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Dead mangrove leaves litter the bottom.
D’étranges algues rouges forment des barbes attachées aux racines.
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Strange red algae form beards attached to the roots.
Des “crêpes” algales flottent à la surface tels des radeaux végétaux.
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Seaweed “pancakes” float on the surface like algal rafts.
Ce qui semble être un rocher couvert d’algues, est en réalité juste une boule algale. À noter les petites bulles d’oxygène : ici la photosynthèse est au travail !
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What appears to be a rock covered in algae is actually just a fluffy algal ball. Note the small bubbles of oxygen: here photosynthesis is at work!
C’est également la production d’oxygène qui soulève ces algues en stalagmites végétales.
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It is also the production of oxygen that raises these algae into plant stalagmites.
Une journée pleine de surprises… / A day full of surprises (27 février/February 2022)
Une journée riche en rencontres sous-marines. Commençons par le rare poisson-crapaud de Cozumel (Sanopus splendidus), une espèce endémique rencontrée uniquement à Cozumel.
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A day rich in underwater encounters. Let us start with the rare splendid toadfish (Sanopus splendidus) an endemic species encountered only in Cozumel.
Vu de loin, le baliste noir (Melichthys niger) semble noir uniforme avec juste un liseré blanc à la base de ses nageoires dorsale et ventrale. Mais vu de près et bien éclaré, on découvre son corps couvert de bijoux!
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Seen from afar, the black triggerfish or black dungon (Melichthys niger) seems to be uniformly black with just a thin white line at the base of its dorsal and ventral fins. But from up close and well lit, one discovers its jewel-covered body!
Il n’est pas rare de rencontrer le poisson-ange des Caraïbes (Holacanthus tricolor). Mais de tomber sur un juvénile est plutôt exceptionnel.
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Seeing an adult rock beauty angelfish (Holacanthus tricolor) is not exceptional. But finding a juvenile is!
Et il est encore plus rare de voir le juvénile du poisson-ange royal (Holacanthus ciliaris) !
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And it is even more exciting to find a juvenile of the queen angelfish (Holacanthus ciliaris)!
L’anémone géante des Antilles (Condylactis gigantea) est une espèce commune aux colorations multiples. Il vaut toujours le coup de l’inspecter de près. Celle-ci contient des crevettes Thor (Thor dicaprio), dont on aperçoit un individu en haut à droite.
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The giant anemone of the Antilles (Condylactis gigantea) is a common species with multiple colorations. It is always worthwhile to inspect it closely. This one contains Thor shrimp (Thor dicaprio), one of which can be seen in the upper right.
Vue de près / Seen from close up.
Pas de deux d’un couple de crevettes Thor. / Pas de deux of a couple of Thor Shrimps.
Photographier les poissons… / Photographing fishes… (23-26/2/22)
Au travail pour le prochain guide…
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Working on the next field guide…
La raison principale de notre voyage est de ramener des photos du monde sous-marin pour mon futur guide “Découvrir la mer des Caraïbes et l’océan Atlantique tropical”. Bien sûr, les poissons y tiendront une place importante. Pour un guide d’identification, on les voudrait parfaitement de profil, nets partout et bien éclairés.. Mais pour chaque photo réussie, il y en a plusieurs de ratées… Surtout les petits poissons sont très difficiles : rapides, agiles, ils sortent de l’image au moment où l’on fait la photo, vous tournent le dos, ne sont plus dans le plan de l’image… Voici une petite sélection de mes multiples ratées, afin que vous appréciez mieux les rares réussies.
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The main reason for our trip is to bring back photos of the underwater world for my future field guide “Discovering the Caribbean Sea and the Tropical Atlantic Ocean”. Of course, fish will hold an important place. For an identification guide, one wants them perfectly in profile, in focus all over and well lit. But for each successful photo, there are several failed ones… Especially the small fish are very difficult: fast, agile, they swim out of the picture when the photo is taken, their backs are turned to you, they are not in the picture plane any more… Here is a small selection of my many failures, so that you can better appreciate the successful few.
Des poissons enfin ! / Fishes at last! (22/2/22)
Depuis que nous sommes arrivés à Cozumel, je n’ai pas publié une seule de photo de poisson… N’y en a-t-il pas ? Oh que si ! Voici par exemple un banc avec un méli-mélo d’espèces appartenant aux familles des Lutjanidae et Haemulidae.
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Since we arrived in Cozumel, I haven’t posted a single picture of fish… Aren’t there any? Oh yes ! Here, for example, is a school with a hodgepodge of species belonging to the Lutjanidae and Haemulidae families.
Demoiselle brune / Dusky damselfish (Stegastes adustus)
Demoiselle à queue jaune. Il s’agit d’un juvénile, qui n’as pas encore de queue jaune, mais qui arbore de magnifiques points bleus / Yellowtail damselfish. This is a juvenile, which does not yet have a yellow tail, but which sports magnificent blue dots (Microspathodon chrysurus)
Ce sergent major des Antilles protège sa ponte (la couche violette sur la roche) / This sergeant major protects its spawn (the purple layer on the rock) (Abudefduf saxatilis)
Cette murène verte géante (≈ 1,5 m) est en pleine chasse / This giant (≈ 1,5 m / 5 ft) green moray eel is busy hunting (Gymnothorax funebris)
Un poisson trompette tente de passer inaperçu parmi les éponges / A trumpetfish hiding amongst sponges (Aulostomus maculatus)
Baliste océanique / Ocean triggerfish (Canthidermis sufflamen)
Baliste royal / Queen triggerfish (Balistes vetula)
Poisson-lime à taches blanches / Whitespotted Filefish (Cantherhines macrocerus)
Ange gris / Grey angelfish (Pomacanthus arcuatus)
Ange français / French angelfish (Pomacanthus paru)
Ange royal / Queen angelfish (Holacanthus ciliaris)
Perroquet à bride / Redband Parrotfish (Sparisoma aurofrenatum)
Hamlet barré / Barred Hamlet (Hypoplectrus puella)
Pas question de racisme entre ce poisson-coffre zinga & et la gorette bleue ! / No racism between the spotted trunkfish and the bluestriped grunt! (Lactophrys bicaudalis & Haemulon sciurus)
Rencontre fortuite avec une raie léopard / Brief encounter with a spotted eagle ray (Aetobatus narinari)
Ce poisson-coffre nid d’abeille se fait nettoyer par un gobie néon / This honeycomb cowfishe is being cleaned by a Caribbean neon goby (Acanthostracion polygonius & Elactinus lobeli)
Gobie néon / Caribbean Neon Goby (Elactinus lobeli)
Paysages et détails / Landscapes and details (21 février/February 2022)
En photographie sous-marine, comme sur terre, on peut choisir entre un objectif grand angle ou un objectif macro (et toute la gamme entre les deux – le téléobjectif étant moins usuel sous l’eau, avec sa visibilité réduite). Aujourd’hui, je suis allée d’un extrême à l’autre. Voici une petite sélection.
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In underwater photography, as on land, one can choose between a wide-angle lens or a macro lens (and the whole range in between – the telephoto lens being less common underwater, with its reduced visibility). Today, I went from one extreme to the other. Here’s a small selection.
Quelques éponges (dont la variété de taille, de forme et de couleurs est infinie).
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Some sponges (their variability in size, shape and colour being infinite).
Les gorgones font partie de mes animaux préférés (oui, ce sont des animaux !)
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Gorgonians (or sea fans) are among my favourite animals (yes, they are animals!)
À l’autre bout de l’échelle, voici des petites ascidies (tuniciers) qui ne mesurent que quelques millimètres.
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At the other end of the scale, here are some small ascidians (tunicates) which measure only a few millimetres.
Pour terminer, un hydraire (très urticant !) envahi partiellement par un zoanthaire. Il s’agit ici d’une symbiose.
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Finally, a (very stinging!) hydroid, partially invaded by a zoantharian. This is a symbiosis.
Premières plongées à Cozumel / First dives in Cozumel (20 février/February 2022)
On est arrivés à bon port chez Plongée Grand Cozumel Diving, où nous sommes accueillis par la sympathique et joyeuse équipe canadienne : Lucie, Julien, Mathieu, Jeff… Notre amie Julia est déjà là également, venue de Suisse. Et nous rencontrons pour la première fois “en vrai” un couple de plongeurs-photographes sous-marins russes, Alexander et Aliona, avec qui j’étais déjà ami sur FaceBook. Premières plongées donc ! Il y en aura dès choses à photographier pour mon prochain guide sous-marin ! Beaucoup de biodiversité ici. Voici quelques images du jour.
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We arrived safely at Plongée Grand Cozumel Diving, where we were welcomed by the friendly and cheerful Canadian team: Lucie, Julien, Mathieu, Jeff… Our friend Julia is already there too, coming from Switzerland. And we meet for the first time “in real life” a couple of Russian underwater photographers-divers, Alexander and Aliona, with whom I was already friends on FaceBook. Our first dives then! There will be plenty to photograph for my next underwater field guide! Lots of biodiversity here. Here are some pictures of the day.
Une algue que je n’avais jamais vue auparavant / An alga which I had never seen before :
Un hydraire / A hydrozoan :
Des zoanthaires parasitant des éponges / Zoantharians parasiting sponges:
Portrait d’une araignée de mer à nez pointu (Stenorhynchus Seticornis) / Portrait of an arrow spider crab (Stenorhynchus Seticornis):
Et une langouste (Panulirus argus) / And a spiny lobster (Panulirus argus):
On termine (pour aujourd’hui) sur le regard curieux du strombe géant ou lambi (Aliger gigas) / And finally (for today) the strange look of the queen conch (Aliger gigas):
Mamma MIA ! (MIA = Miami Airport) • 19 février/February 2022
En tout, nous passerons 6 fois par l’aéroport de Miami, dont 4 fois pour des vols avec American Airlines. Au moment où j’écris ces lignes, nous attendons notre vol pour Cozumel, retardé (pour le moment…) de 40 minutes. Et oui (voir le blog du 3-11 février ci-dessous), bien sûr on nous a déjà annoncé un changement de sièges remplacés par… les mêmes. C’est un rituel. Et oui, comme pour notre retour depuis Portorico, nous sommes dans le groupe 9, le dernier à embarquer. Ce qui veut dire que nous devrons probablement abandonner nos bagages à main (tout le matériel pour la photo sous-marine) qui sera mis en soute. Après, on prie de le retrouver intact, ou simplement de le retrouver ! Ah oui, parlant de matériel, ça n’a pas l’air impressionnant, mais en tout ça dépasse 100 kg tout de même…
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In all, we will pass through Miami airport 6 times, including 4 times for flights with American Airlines. As I write these lines, we are waiting for our flight to Cozumel, delayed (for the moment…) by 40 minutes. And yes (see the February b3-11 blog below), of course we have already been told of a change of seats replaced by… the same ones. It seems to be a ritual. And yes, as for our return from Puerto Rico, we are in group 9, the last one to board. Which means that we will probably have to abandon our hand luggage (all the equipment for underwater photography) which will be put in the hold. Afterwards, we must pray to recover it intact, or simply to recover it at all! Ah yes, speaking of equipment, it doesn’t look impressive, but in all our luggage exceeds 100 kg …
On trotte dans des files d’attente longues de centaines de mètres et interminables…
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We have to march endlessly in queues hundreds of meters long…
En tant qu’Européens il y a de quoi se poser des questions…
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As Europeans, we awe sometimes at what we see…
Est-ce que cela veut vraiment dire que jusqu’ici (en plein milieu d’un grand aéroport international) on avait le droit d’avoir une arme à feu / des armes à feu sur soi ???
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Does this really mean that up to this point (in the middle of a major international airport) people are allowed to carry a gun/or several guns???
Les seins de Cayey – The tits of Cayey (18 février/February 2022)
En route de La Parguera (au sud-ouest de l’île) vers l’aéroport de San Juan (au nord-est), nous traversons la cordillera centrale. Depuis notre taxi, j’aperçois “Las Tetas de Cayey” (“Les nichons de Cayey”).
La légende raconte qu’à l’époque l’occupation espagnole (1508-1898), une Indienne Taïno et un jeune Espagnol s’étaient juré amour éternel dans les montagnes de la Sierra de Cayey. Un jour les amants se rendIrent compte que leurs familles respectives envisageaient de les séparer. Alors, sous les coups de feu espagnols et les flèches indiennes, ils s’enfuirent vers la montagne où les poursuivants réussirent à blesser le jeune homme. Ensemble, les amants ont réussi à atteindre le sommet de la Sierra où l’homme finit par mourir. La jeune indienne décida alors de ne jamais se séparer de son amant et se coucha à ses côtés pour y attendre la mort à son tour. Jusqu’à ce jour, ses seins témoignent de cette belle histoire d’amour entre deux êtres purs de race et de culture différentes. C’est “West Side Story” ou “Roméo et Juliette” sur les terres portoricaines…
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En route from La Parguera (southwest of the island) to San Juan airport (northeast), we cross the central cordillera. From our taxi, I see “Las Tetas de Cayey” (“The Tits of Cayey”).
Legend has it that at the time of the Spanish occupation (1508-1898), a Taïno Indian girl and a young Spaniard had sworn eternal love to each other in the mountains of the Sierra de Cayey. One day the lovers realized that their respective families were planning to separate them. Then, under Spanish fire and Indian arrows, they fled towards the mountain where the pursuers succeeded in wounding the young man. Together they made it to the top of the Sierra where the man eventually died. The young Indian then decided never to leave her lover and lay down at his side to await her death in turn. To this day, her breasts testify to this beautiful love story between two pure beings of different races and cultures. It’s « West Side Story » or « Romeo and Juliet » on Puerto Rican soil…
De vieux amis • Old friends (16-17 février/February 2022)
Revenir à l’île de Magueyes à La Parguera (Portorico), c’est un peu comme revenir à la maison. C’est ici que j’enseignais l’écologie récifale et les méthodes de recherche sous-marines en 1979-1980, à l’Institut des Sciences de la Mer de l’Université de Portorico à Mayagüez.
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Returning to Magueyes Island in La Parguera (Puerto Rico) is a bit like coming home. It was here that I taught reef ecology and underwater research methods in 1979-1980, at the Institute of Marine Sciences of the University of Puerto Rico in Mayagüez.
Dès que nous arrivons dans l’île, nous sommes accueillis par les centaines d’iguanes géantes qui y vivent.
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As soon as we arrive on the island, we are greeted by the hundreds of giant iguanas that live there.
Pour parfaire ce retour sur “le lieu du crime”, je fais une conférence sur mes recherches passées, là où je donnais jadis mes cours…
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To complete this return to “the crime scene”, I give a conference on my past research, where I once taught my classes…
Mais le plus émouvant, ce sont les rencontres avec mes anciens étudiants, avec qui des liens d’amitié très forts subsistent après plus de quatre décennies ! Dîner dans la belle maison de Roy et Linda Armstrong, qui étaient tous les deux mes étudiants et déjà en couple à l’époque. Linda Riggs a été l’une des rares aquanautes à vivre avec une équipe entièrement féminine (avec Ileana Clavijo et Lucy Williams, également de notre département) dans l’habitat sous-marin Sealab. Roy est devenu professeur à l’institut à son tour et n’est pas loin de la retraite ! A droite Dorotí, que j’ai rencontré plus tard.
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But the most moving are the encounters with my former students, with whom very strong bonds of friendship still exist after over four decades! Dinner at the beautiful house of Roy and Linda Armstrong, who were both my students and already in a relationship at the time. Linda Riggs has been one of the very few aquanauts who lived with an all female team (together with Ileana Clavijo and Lucy Williams, also of our department) in the Sealab underwater habitat. Roy has become a professor at the institute in turn and is not far from retirement! On the right Dorotí, whom I met later.
Autre couple d’étudiants toujours aussi amoureux l’un de l’autre après 42 ans de vie commune, Jenny et Mickey Amador, entretemps grands-parents… Jenny est devenue prof de biologie (il n’y a pas de sot métier !) alors que Mickey organise des sorties de pêche en haute mer depuis 40 ans. L’accueil chez eux, comme celui chez Linda et Roy, est extrêmement chaleureux.
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Another couple of students still as much in love with each other as 42 years ago, Jenny and Mickey Amador, meanwhile grandparents… Jenny has become a biology teacher (not a stupid job after all!) while Mickey has been organizing deep sea fishing for the past 40 years. The welcome at their place, like that at Linda and Roy’s, is extremely warmhearted.
Nous rendons également visite à Jorge Corredor, à l’époque professeur de chimie océanographique et mon plus proche collaborateur, avec qui je partageais un labo (et beaucoup de bières fraiches !). Jorge est un expert reconnu internationalement et auteur du livre “Coastal Ocean Observing – Platforms, Sensors and Systems” chez le prestigieux éditeur Springer Verlag…
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We also visit Jorge Corredor, at the time professor of oceanographic chemistry and my closest collaborator, with whom I shared a lab (and many a cold beer!). Jorge is an internationally recognized expert and author of the book “Coastal Ocean Observing – Platforms, Sensors and Systems” at the prestigious publisher Springer Verlag…
Pour finir, nous sommes accueillis par Ernesto Weil, l’actuel directeur du département de sciences marines, que j’avais connu en 1982 à la petite station marine de Dos Mosquises dans l’archipel des Roques (Vénézuéla), lors d’une des expéditions que j’effectuais alors avec le Professeur Jan Stock de l’Université d’Amsterdam.
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Finally, we were welcomed by Ernesto Weil, the current director of the marine sciences department, whom I had known in 1982 at the small marine station of Dos Mosquises in the Roques archipelago (Venezuela), during one of the expeditions that I carried out at the time with Professor Jan Stock from the University of Amsterdam.
Dans les mangroves • In the mangroves (14-16 février/February 2022)
Je ne suis pas seulement revenu à Portorico pour des raisons sentimentales. Aux alentours de La Parguera (où se trouve mon ancien institut de Sciences de la Mer) il y a énormément de mangroves. Il y a donc des photos à faire pour mon prochain livre sur ce sujet. L’exploration commence avant de prendre la mer, avec l’observation des crabes violonistes sur les vasières qui bordent la mangrove.
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I didn’t just come back to Puerto Rico for sentimental reasons. Around La Parguera (where my former institute of Marine Sciences is located) there are a lot of mangroves. So there are pictures to be taken for my next book on this subject. The exploration begins before setting out to sea, with the observation of fiddler crabs on the mudflats that border the mangroves.
En route pour mes explorations, nous tombons sur un drôle d’OFNI (Objet Flottant Non Identifié). Une sorte de mini-bar mu par un moteur hors-bord, les panneaux solaires servant à alimenter une chaîne qui émet de la salsa à tue-tête (et sans doute la nuit des lumières multicolores !). Pour les locaux, la mer est leur salle de fête !
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On the way for my explorations, we come across a strange UFO (Unidentified Floating Object). A sort of mini-bar driven by an outboard engine, the solar panels serving to power a ghetto-blaster that emits many decibels of salsa music (and no doubt multicoloured lights at night!). For the locals, the sea is their party hall!
On arrive dans les mangroves traversées par de nombreux chenaux. Deux vues aériennes (drone) nous montre à pied d’œuvre.
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We arrive in the mangroves crossed by many channels. Two aerial views (drone) show us ready to go working.
Vue de notre embarcation, la forêt de palétuviers semble impénétrable. Et en fait, elle l’est. On ne peut que difficilement s’insinuer entre les racines, qui hébergent un monde très particulier.
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Seen from our boat, the mangrove forest seems impenetrable. And in fact, she is. It is not easy to penetrate between the roots, which house a very particular world.
On est prêt à y aller. Inutile de prendre une bouteille de plongée ! Nous découvrirons le monde des mangroves en apnée.
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We are ready to go. No need to take a scuba tank! We’ll explore the mangrove world snorkelling.
Les palétuviers sont bordés d’un herbier de thalassies ou ‘herbe à tortues’ (l’équivalent de nos posidonies méditerranéennes).
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The mangroves are bordered by a seagrass bed (‘turtle grass’, the equivalent of the Mediterranea Posidonia).
On y trouve également beaucoup d’algues, dont ces caulerpes en forme de plume (Caulerpa sertularoides).
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There are also a lot of algae, including these feather-shaped caulerpa (Caulerpa sertularoides).
Ou l’udotée (Udotea sp.)
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Or the mermaid’ fan (Udotea sp.).
Il est temps de pénétrer dans le labyrinthe des racines, avec ses incroyables jeux de lumière et son épifaune colorée, ici des éponges.
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It’s time to enter the labyrinth of roots, with its incredible play of light and its colourful epifauna, here some sponges.
Juste sous la surface, la plupart des racines sont envahies par des huîtres de mangrove (Crassostrea rhizophorae).
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Just below the surface, most of the roots are invaded by mangrove oysters (Crassostrea rhizophorae).
Il y a également de grosses balanes (Chthamalus proteus).
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There are also large barnacles (Chthamalus proteus).
Et surtout, une grande diversité d’ascidies (tuniciers). Quelques espèces encore à identifier.
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And above all a great diversity of ascidians (tunicates, sea squirts). Some species yet to be identified.
Sur la vase bordant la forêt de palétuviers, des milliers de cassiopées (Cassiopea xamachana), méduses vivant à l’envers et hébergeant des microalgues commensales (Symbiodinium sp.).
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On the mud bordering the mangrove forest, thousands of upside-down jellyfish (Cassiopea xamachana), hosting commensal microalgae (Symbiodinium sp.).
Et pour finir, les mangroves sont une nursery pour poissons juvéniles.
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And last but not least, the mangroves are a nursery for juvenile fish.
Retour dans le passé (16 février 2022) • Back to the past (16 February 2022)
En 1980, j’effectuais une recherche (“comparaison des méthodes d’inventarisation des récifs coralliens”) dans le cadre de mon travail à l’Université de Puerto Rico. Pour cela, j’avais installé un quadrillage de 10×10 m (fer à béton et fils), à 10 km de la côte et à 20 m de profondeur. J’y suis retourné aujourd’hui, 42 ans plus tard. Très émouvant de retrouver encore des vestiges de mon travail d’antan…
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In 1980, I was doing research (“Comparison of Coral Reef Survey Methods”) as part of my job at the University of Puerto Rico. For this, I had installed a 10×10 m grid (concrete iron and wires), 10 km from the coast and 20 m deep. I went back there today, 42 years later. Very moving to still find remains of my work of yesteryear…
Sur la couverture de mon livre-témoignage sur 50 ans de plongée (2008), on me voit faire des photos du quadrillage du récif à La Parguera, il y a 42 ans maintenant…
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On the cover of my book on 50 years of diving (2008), a picture of me taking pictures of the grid on the Parguera reef, 42 years ago now…
Je retrouve des bouts de fer à béton et de cordage de mon quadrillage !
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I find bits of rebar and rope from my grid!
En voyage… (3-11 février 2022)
Voyager, c’est l’aventure ! Après avoir perdu deux journées de plongée à Riviera Beach à cause de nos bagages qui n’étaient pas arrivés à Miami, après avoir (enfin !) pu y plonger pendant 3 jours, nous voilà en route pour les Florida Keys. Nos familles et amis qui sont restés en Europe nous jalousent un peu : « Vous qui passez du bon temps au soleil… »
Voici la vérité : nous roulons pendant 200 km sous des trombes d’eau.
Le lendemain, beau temps. Après une journée aux Keys (islamorada), nous voici en route pour notre prochaine étape, de Miami à San Juan (Portorico). Notre réservation avec American Airlines et notre carte d’embarquement disaient bien : « Porte D15, départ à 12h59, siège 12A (pour moi) » (je vous prends à témoin).
Sauf qu’American Airlines, compagnie consciencieuse, nous tient au courant par mail d’éventuels changements (mieux vaut rester connecté en permanence !). Changement 1 : On change nos sièges. Euh… cherchez l’erreur !
Puis, changement 2 : départ de la porte D20. Bon, ce n’est pas trop loin et on a encore le temps. Nous voilà donc en route (chacun avec nos 20 kg de bagages à mains – le lot de chaque photographe sous-marin…), de D15 vers D20, où on s’installe…
Sauf que, voici le 3ème changement : prière de vous rendre à la porte D34. Temps de départ toujours 12h59. Là, il faut se dépêcher un peu, car de D20 vers D34, il y a quand même une trotte ! Nous y arrivons en nage…
Et juste quand on croit pouvoir embarquer, on apprend (changement 4) que notre vol est retardé : départ prévu à 13h35. Qu’à cela ne tienne… on va pouvoir reprendre un peu notre souffle !
Vous n’allez pas le croire ! Juste au moment où nous avons allongé nos jambes, nouveau mail d’American Airlines (changement 5 !) : retour vers la porte d’embarquement D19 !
Marie-Xavier, qui n’en peut plus, se fait transporter avec d’autres petits vieux (dont nous faisons partie tous les deux désormais) et autres handicapés, alors que moi, je me tape mon nième trajet à travers l’aéroport. En fin de journée, mon iPhone m’apprend que j’ai fait 8227 pas et parcouru 5,8 km !
Bien ! Nous voilà enfin embarqués. Vol de deux heures et demi. Nous débarquons à Portorico. Première surprise : il n’y pas de charriots à bagages. Il faut donc prendre un porteur, qui lui en a un et qui charge nos plus de 100 kg de matos. Suivi d’un contrôle sanitaire sévère (le premier depuis notre départ du Luxembourg). Les autorités mettent une vingtaine de minutes à déchiffrer notre certificat de vaccination européen, et, après maints pourparlers entre eux, à l’accepter. Nous voilà enfin sorti du hall d’arrivée et à courir derrière notre porteur vers les agences de location de voitures. Chez Hertz, on lève les mains au ciel : « Nous n’avons plus de véhicules ! ». Et c’est pareil chez Avis, chez National, chez Sixt, chez Budget… et chez tous les autres. « Bon, pensons-nous, on va à l’hôtel d’abord, puis on louera une voiture demain. Si ce n’est pas à l’aéroport, ce sera quelque part en ville. »
Notre chambre d’hôtel est située au premier étage, sans ascenseur. Après rappel une journée déjà assez éprouvante, monter tout notre barda à force de bras et de jambes enlève un peu au plaisir de voyager. Notre chambre, très exigüe, n’a pas de fenêtres… On s’en fout, c’est juste pour une nuit ! Tout ce qu’on veut, c’est prendre une douche et réserver une voiture pour le lendemain. Sauf que, une douzaine de coups de fil plus tard, en anglais, en espagnol et en spanglish, nous nous rendons à l’évidence : dans tout Portorico il ne reste plus une seule voiture de location de disponible. Nous appelons un service de taxis. Oui, ils peuvent nous emmener à notre destination finale, La Parguera, situé à 180 km au sud-ouest. Le prix ? 180 US$. Un dollar le kilomètre pour deux personnes et 100 kg de bagages, c’est très raisonnable après tout.
Le lendemain, reposés et après un petit-déjeuner copieux, nous voilà en route dans une voiture confortable, avec un jeune étudiant très classe et très sympa comme chauffeur. Il nous dépose chez Dorotí, une amie qui tient un B&B et chez qui j’avais déjà séjourné il y a dix ans. Mais ça, c’est une autre histoire !