Mon premier amour
Bien que mes premiers contacts avec la vie marine se soient déroulés sur les plages de la mer du Nord et de l’Atlantique, mon premier véritable coup de foudre pour la mer et la vie marine était pour la Méditerranée. En 1954, mon père avait contacté Cousteau, encore abordable à l’époque. Il n’en fallut pas plus pour qu’il fasse quelques plongées à Marseille et Cassis durant l’été de 1954, équipé du détendeur CG45.
J’attrapais tout ce que je pouvais comme livres et revues, et déjà je rêvais des fonds marins, comme en témoigne ce dessin que j’ai fait à l’école primaire, à l’âge de 8 ans…
C’est au cours de l’été 1956 (il y a exactement 60 ans au moment où j’écris ces lignes) que mes yeux émerveillés, équipés de lunettes sous-marines, découvrirent les créatures de la mer au Domaine de Brégançon, où nous passions nos vacances chez la famille Tézenas. À côté de moi, mon frère Rolf, avec le scaphandre autonome Scott de mon père.
En 1958, je franchis moi-même le pas. Je suis le gamin sur le pneumatique, un quart d’heure à peine avant ma première plongée en bouteille. C’est au cours de cette même plongée que je découvris la beauté des gorgones, animaux qui allaient changer ma vie.
En 1960, nous déménagions des Pays-Bas vers le midi de la France. Nous vivions à La Turbie, j’allais en classe à Monaco, et je devenais chasseur sous-marin, excellent exercice physique et bonne école d’observation.
Je ramassais également tout ce que je pouvais: nacres en apnée, gorgones en bouteille. À l’époque (1961-1964), personne ne parlait d’écologie et de protection du milieu vivant…
Pourtant, en 1963, j’avais déjà fait ma première photo sous-marine, avec un petit appareil enfermé dans un Plastiphot Ocina, sorte de sac en plastique muni d’un hublot.
Je fis mes dernières chasses sous-marines à Vulcano (Italie) en 1968 et en Grèce en 1973. Mais déjà, ma vie avait pris une direction très différente…
La biologie marine
En 1967, de retour aux Pays-Bas, j’avais commencé des études de biologie. Bientôt, je m’orientais vers la biologie marine. En même temps, je me perfectionnais en plongée. Pendant l’été de 1972, je travaillais comme moniteur de plongée dans le CSCV de Port-Vendres, chez l’excellent André Bonneau. Sur la photo, je fais le baptême de plongée de Robert Oms, qui allait devenir un de mes complices plongée-bio bien plus tard !
À partir de 1973, j’effectuais des recherches sur les «Octocoralliaires de Méditerranée» au Laboratoire Arago de Banyuls-sur-Mer
Inventaires faunistiques :
Mesures du courant et d’irradiance sous-marine :
Transplantations de boutures de gorgones.
Le tout débouchant sur une thèse d’État à l’Université d’Amsterdam en 1979. Après quoi je partais pour travailler comme chercheur / enseignant à l’Université de Puerto Rico.
«Le Weinberg»
Ce n’est qu’en 1984, j’enseignais déjà la biologie à l’École Européenne de Luxembourg, que je retrouvais la Méditerranée. Cette fois-ci, c’était surtout pour faire de la photographie sous-marine, comme ici au Cap Rédéris, à Banyuls-sur-Mer.
De 1984 à 1988, j’y fis encore un peu de recherche cependant, sans grand succès d’ailleurs…
Mais l’idée de faire un guide sur la vie marine méditerranéenne prenait forme peu à peu. Je multipliais les plongées…
…et je demandais conseil à Philippe Tailliez, un des pionniers de la plongée méditerranéenne (avec Jacques-Yves Cousteau et Frédéric Dumas), qui m’encourageait à poursuivre ce travail.
Après de multiples démarches infructueuses auprès de plusieurs éditeurs, ce sont finalement les Éditions Nathan qui acceptèrent de publier mon livre (merci Michèle Reby !). En février 1992, le livre vit enfin le jour, et connut un succès immédiat. Bientôt connu sous l’appellation «Le Weinberg» ou encore «La Bible des plongeurs», le guide fut réimprimé 12 fois, la dernière fois en février 2007, puis ma collection «Découvrir», qui couvrait désormais 5 mers et océans, fut discontinuée.
Après un long silence, et les plongeurs continuant de réclamer leur «Weinberg», les éditions GAP me demandèrent de refaire une nouvelle version de mon guide méditerranéen (merci, Guy, Olivier & Isabelle Pajean !). Deux années de plongées, de Gibraltar à la Turquie, furent nécessaires pour faire ce guide entièrement nouveau (les points jaunes sur la carte correspondent aux endroits où j’ai plongé).
Le nouveau guide vit le jour en 2013, et obtint en 2014 la «Palme d’Or du Meilleur Guide Sous-marin» au Festival International de l’Image Sous-Marine à Marseille.
Entretemps, je m’étais lancé dans la macrophotographie extrême, et en 2014 je publiais mon livre «MINIterranée» chez Édisud (merci Bertrand Roullier !)