11 mai 2016
De Saint-Étienne-de-Tinée à Embrun • 238 km (total 6154 km)
Dans le feu de l’action, nous avions oublié de trouver un «témoin» pour les 6000 km franchis.
Comme il n’y a personne dans les parages, c’est Marie-Xavier qui pose le long de la route qui mène de Guillaumes au Col de la Cayolle.
Des bouleaux comme des sentinelles sont des témoins silencieux de notre ascension vers le col.
Des cascades géantes me font penser aux photos d’Ansel Adams du parc de Yosemite. Si seulement j’avais son talent!
Le temps est de plus en plus pourri. Le pluie se mue en neige mêlé de grêle, un brouillard épais s’installe, et c’est très lentement que nous gravissons les pentes qui mènent jusqu’au col.
Nous y sommes enfin! Le Col de la Cayolle (2326 m). En 2005, «La Petite» y avait posé également, dans une ambiance ensoleillée, et entourée de dizaines de touristes. Cette fois-ci, nous sommes seuls…
Nous descendons vers Barcelonnette.
Les montagnes à l’Ouest de la ville se dressent comme un décor de théâtre.
Au-dessus du lac de barrage de Serre-Ponçon, les «demoiselles coiffées», étranges formations géologiques, dues aux grandes pierres qui empêchent l’érosion des sols plus meubles en-dessous. Un randonneur solitaire qui brave la pluie en donne les dimensions.
Nous terminons notre journée avec la visite, aussi imprévue pour nous que pour elle, de la maman de Marie-Xavier, à l’hôpital d’Embrun. Retrouvailles émouvantes entre la fille et la mère… qui fête aujourd’hui ses… 95 ans!
12 mai 2016
D’Embrun à Bourg-Saint-Maurice • 255 km (total 6409 km)
Premier arrêt à Briançon avec ses fortifications de Vauban et l’ancienne collégiale Notre-Dame-et-Saint-Nicolas.
On monte par la vallée de la Clarée. Le village de La Vachette:
À Val des Prés, un monument commémorant les «enfants tombés pour la patrie» durant la guerre 1914-1918. Ils étaient 1,4 millions, rien que pour la France, près de 10 millions en tout. Quel gâchis!
Partout, dans la vallée, des cadrans solaires sur les façades:
On tombe sur la «Grotte des 5o ânes», où les paysans du coin cachaient leurs ânes en 1815 lors de l’invasion par les Piémontais et les Autrichiens. Mais il n’y pas de «Grotte aux 4 chevaux» !
Nous pique-niquons sur les bords de la Clarée:
La chapelle Saint-Sauveur:
Nous franchissons le col de l’Échelle (1766 m) et entrons en Italie pour quelques kilomètres. C’est la faute à tous ces cols fermés! Mais quel accueil! Sur le parapet de la route en lacets, quelqu’un a targué «Piccola ti amo» («Petite, je t’aime!»). Elle est vraiment mondialement connue, notre «Petite» !
On retourne en France par le Tunnel du Fréjus (13 km de long). Un dernier arrêt à la Chapelle de l’Immaculée Conception à Pontamafrey-Montpascal:
Nous descendons la vallée de la Maurienne, puis remontons vers Bourg-Saint-Maurice par la vallée de l’Isère. Accueil chaleureux chez Bernard Chancel, collectionneur d’ «anciennes». Nous nous couchons après une copieuse raclette.
13 mai 2016
De à Bourg-Saint-Maurice à Samoëns • 181 km (total 6590 km)
Vendredi 13… On pouvait se demander quels malheurs allaient encore s’abattre sur la pauvre «Petite» et nous… Mais en fait, la seule chose à s’abattre sur nous était la pluie. Pendant les trois-quarts de la journée, nous avons eu droit à une douche permanente. Désagréable, mais pas de catastrophes heureusement!
Avant de quitter Bourg-Saint-Maurice, «La Petite» pose avec l’une des voitures de Bernard, une fourgonnette 2CV, et, d.g. à dr. Jacqueline, Bernard et votre blogueur.
J’ai eu la même, dans la même couleur, dans les années 1970. Elle me servait à faire la navette entre Amsterdam et Banyuls-sur-Mer, à l’époque de ma recherche sous-marine.
Nous nous mettons en route. Courte halte chez Gaston, un copain de Bernard, qui possède, outre deux 4CV, une collection extraordinaire, dont une R8, une Berlinette Alpine, une Ferrari…
Nous continuons de redescendre la vallée de l’Isère jusqu’à Albertville. Cet aller-retour entre Bourg-Saint-Maurice et Albertville, environ 100 km, rajoute encore des kilomètres à notre trajet, et nous éloigne, une fois de plus, de la frontière italienne. Tout ça à cause d’un mauvais planning de mon côté – quelques semaines plus tard et tous les cols auraient été ouverts… Nous sommes rejoints par Michel, un autre ami de Bernard, avec sa Dauphine, toujours en bravant la pluie.
Nous arrivons à Beaufort, où nous nous arrêtons à côté de la camionnette Citroën HY de la coopérative fromagère, un fourgon contemporain de la 4CV.
Nous sommes reçus chez un couple d’amis, également collectionneurs de voitures anciennes, Nicole et Michel. Un déjeuner convivial, dans la bonne humeur, qui fait oublier un peu la pluie qui continue de tomber. Lorsque nous partons, il y a cependant une petite accalmie. De g. à dr.: Jacqueline & Bernard, Marie-Xavier, Nicole, Michel I, Michel II.
À nouveau seuls, nous filons vers le Nord par le Col des Saisies (1650 m). Malgré le mauvais temps, les bancs de brume qui flottent devant les montagnes rendent le paysage féérique.
À Flumet, nous sommes rejoints par Aymeric Tarrisse qui est venu exprès de Grenoble avec sa 4CV «Katchol» pour faire étape avec nous. Un bref arrêt à Megève:
À Combloux, le ciel semble s’ouvrir un peu. Nous décidons de monter vers un point de vue, dans l’espoir de pouvoir apercevoir le Mont Blanc. Notre patience paye, à un moment donné, une trouée dans les nuages dévoile le mont le plus haut d’Europe (4809 m) !
Nus nous approchons de Samoëns, où nous passerons la nuit. «La Petite» et «Katchol»regardent passer les vaches.
Depuis le balcon de notre chambre d’hôtel, vue imprenable sur la vallée et la montagne d’en face, avec des bancs de brume qui chuchotent des contes de fées aux sapins…
14 mai 2016
De Samoëns à Divonne-les-Bains • 241 km (total 6831 km)
Les deux 4CV remontent la vallée du Giffre, toujours nappée de brouillard.
Nous aboutissons au cirque du Fer-à-Cheval, le plus grand cirque montagneux alpin avec des parois de 500 à 700 m de hauteur, couronné par des sommets approchant 3 000 mètres d’altitude. Des cascades impressionnantes jaillissent de ses falaises abruptes et de ses névés.
Lorsque nous redescendons dans la vallée, une fois de plus la pluie s’abat sur nous…
…suivi par une courte épisode ensoleillée. Un petit chalet à Morillon:
Nous nous rendons à Taninges, où je suis surpris par le monument aux morts, avec un coq victorieux au-dessus de tous les Jacquemards tombés lors des deux Guerres Mondiales. Au lieu de crier victoire, ce coq devrait plutôt pleurer…
Nous y avons rendez-vous avec Daniel et Mireille Barraud, qui nous rejoignent avec leur Citroën Traction 11B de 1955, pour faire une journée d’étape avec nous. Le couple n’en est pas à son coup d’essai. Depuis 2005, ils ont enchaîné les voyages, raids et rallyes avec leur Traction: Cap Nord, Écosse, Russie, Maroc, Croatie-Italie, Thaïlande, Bolivie…
Avec Aymeric, qui à bord de sa «Katchol» a déjà fait un tour du nord de la France en solitaire, ce sont les seules personnes à faire une étape journalière entière avec nous.
Les trois voitures baroudeuses, une grande et deux petites, se mettent en route à travers monts et vaux: Les Gets, Le Biot, Bernex… À Évian, nous atteignons l’immense Lac Léman.
Tout en contournant le lac, nous faisons un détour par le sud, afin de rendre visite à un ancien élève de l’École Européenne de Luxembourg, Mathieu, devenu pilote sur Airbus A320 chez EasyJet. Très sympathique de le retrouver près de 20 ans plus tard!
Suite à quoi, nous contournons la pointe sud-ouest de la Suisse, en collant à nouveau au plus près à ses frontières: Collonges, Pougny, Challex, St.Genis-Pouilly, Ferney-Voltaire, Maconnex. Le soleil est enfin de retour!
Nous nous arrêtons pour la nuit à Divonne-les-Bains.
15 mai 2016
De Divonne-les-Bains à Villers-le-Lac • 163 km (total 6994 km)
Une dernière pose des trois mousquetaires, avant que chacun repart de son côté. Aymeric retourne direction Grenoble, Daniel et Mireille direction Roanne. Quant à nous, c’est direction Nord, tout en frôlant la frontière suisse par de toutes petites routes.
«La Petite» franchit le Col de la Faucille (1320 m) sous un soleil radieux et un vent glacial. Vers midi, nos amis Julia et Michel Deville nous rejoignent au poste douanier de La Cure, où nous déjeunons ensemble. Nous espérons les retrouver pour une autre aventure, sous-marine cette fois, à la fin de l’année.
Nous passons par Bois-d’Amont, avec sa curieuse église de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie datant de 1746, au clocher comtois (“clocher à dôme à impériale”), cylindrique, alors que la plupart des clochers comtois sont à quatre faces.
L’église est en grande partie couverte d’un bardage de cuivre en écailles en forme de losange:
Autre lieu important du village, l’ancien moulin à eau (17ème-18ème siècle), devenu scierie au 20ème siècle, aujourd’hui musée.
Nous voulons traverser la chaîne montagneuse qui traverse le Crêt des Sauges et la Forêt du Risoux, mais un panneau indique «Route Barrée». Nous tentons le coup quand même et grâce à nos pneus neige nous franchissons plusieurs obstacles et nous ne sommes pas obligés de revenir sur nos pas.
Nous roulons dans la Combe des Cives à présent. La nature est luxuriante.
Plusieurs églises jalonnent notre trajet. L’église paroissiale de la Présentation-de-Notre-Dame de Gellin, typique de l’architecture religieuse du Haut-Doubs. Les murs extérieurs sont en partie recouverts d’un bardage de plaques de métal brillant (aluminium? inox?)
À Rochejean, le clocher comtois de l’église paroissiale Saint-Jean-Baptiste est recouvert de tuiles multicolores:
Entre Rochejean et Longevilles-Mont-d’Or, nous tombons sur une course cycliste, la 18ème édition de «La Route du Comté Petite». Ils rêvent du Tour de France… Nous le faisons!
Nous traversons la commune de Mouthe, considérée comme le village le plus froid de France – en janvier 1968 la température y est descendu à -36,7°! À La Cluse-et-Mijoux, le paysage est dominé par le Fort de Joux, prison tristement célèbre, dont le locataire le plus célèbre fut sans doute Toussaint Louverture, l’initiateur de l’abolition de l’esclavage et de l’indépendance d’Haïti, première république noire. Il fut enfermé au secret au fort de Joux dans une cellule dont la fenêtre était presque entièrement murée en aout 1802. On lui retira tous ses grades, on lui refusa des soins pour sa maladie qu’il avait contractée avant d’être fait prisonnier et dont il mourut le 7 avril 1803.
Au pied du fort, dans la Cluse de Pontarlier, le petit oratoire dédié à Saint-Léger.
Notre petite route continue de suivre la frontière suisse, depuis Pontarlier, par Les Alliés, Les Gras, Derrière-le-Mont… Le trafic y est parfois perturbé par des embouteillages…
…et nous y rencontrons également d’autres 4CV !
Nous nous arrêtons à Villers-le-Lac, à l’Hôtel-Restaurant «Le France». Accueil chaleureux par le Maître Cuisinier de France étoilé Hugues Droz et son épouse.
Le chef nous montre son extraordinaire cave à vins, avec des vins jaunes typiques de la région, dont un qui remonte à 1895 !
Et puisque seulement 6 kilomètres nous séparent de notre prochain «mille kilomètres», nous demandons à la jeune et souriante serveuse Marie Bouzie, d’origine camerounaise, d’être notre «témoin» des 7000 km.
Oui, (presque) 7000 km déjà. Pour la suite, il vous faudra donc cliquer ici !