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Petit état alpin portant le nom de famille de son monarque absolu, le Fürstentum Liechtenstein ne se résume pas à ses stations de ski, ses vaches laitières ou son secret bancaire. «Mini» y a découvert des drôles de voyageurs et des industries de renommée mondiale.
Nom officiel : Fürstentum Liechtenstein / Superficie : 160 km2 / Point culminant : Grauspitz (2599 m) / Point le plus bas : Ruggeller Riet (430 m) / Altitude moyenne : 1997 m / Population : 37 000 (dont 25 000 Liechtensteinois) / Densité de population : 231 personnes/km2 / Langue : allemand / Monnaie : franc suisse
Deux étranges personnes sont descendues à l’hôtel. Leurs vêtements semblent venir d’un autre âge. Je les aborde. Ce sont des «Wandergesellen» (compagnons), jeunes artisans, qui, dans une tradition séculaire, font un tour d’Allemagne et des pays environnants après leur apprentissage. Des règles très strictes entourent ce voyage initiatique:
– interdiction de dépenser de l’argent pour se déplacer ou se loger
– interdiction de rentrer dans un rayon de 50 km autour de leur domicile ou celui de leurs parents pendant toute la durée de leur pérégrination (3 ans et 1 jour), ou d’avoir sur eux un téléphone portable
– obligation de changer de pays ou de région tous les 3 mois
– obligation de trouver une occupation partout où ils vont, afin d’acquérir de l’expérience de travail et de vie, et pouvoir se nourrir
– renoncer, pour la durée du voyage, à leur nom de famille.
Martin est ouvrier en constructions métalliques. Il aura terminé sa tournée dans un mois. Quant à Wiebke, spécialisée dans l’entretien de machines agricoles, elle vient de commencer : cela ne fait que 3 semaines qu’elle est en route et profite de l’expérience de son compagnon. Tradition d’un autre temps, belle, mais pas facile… Les deux respirent la vitalité et l’optimisme: ils sont ravis de la gentillesse des personnes rencontrées le long de leur route. Moi aussi !
Du Grauspitz jusqu’au Rhin. Premier mini-État de notre périple : la Principauté du Liechtenstein dont la géographie se résume à trois étages : la haute montagne quasi inhabitée dégringole vers l’étroite plaine de la vallée du Rhin, où se trouvent toutes les communes importantes. Entre les deux, la moyenne montagne avec quelques petits villages et une agriculture basée essentiellement sur la production laitière, en plus de quelques vignobles.
Problèmes mécaniques. Arrivés à l’hôtel, l’eau du radiateur de «Mini» bout. Ne pouvant résoudre le problème moi-même, je traverse le Rhin, et à Sevelen, en Suisse, nous nous rendons chez Christian Schwendener, mécanicien de son état, qui me conseille de faire venir quelques pièces et de conduire doucement en attendant. «Tu sais… – dit-il avec un sourire malicieux – …les voitures anglaises…» De retour à l’hôtel, l’eau bout à nouveau ! Encourageant ! Et il me reste encore des milliers de kilomètres à faire…
Von und zu. Notre route longe le château du Prince Hans Adam II von und zu Liechtenstein dont les origines remontent au XIIe siècle. Vaduz, capitale minuscule (5 200 habitants) de la petite principauté, est le siège du gouvernement, nommé pour une durée de quatre ans par le Prince, sur proposition du Landtag (la diète). Au Liechtenstein, comme partout, il y a de farouches patriotes et nationalistes, comme en attestent les autocollants sur certaines voitures, proclamant : «Gott, Fürst, Vaterland» (Dieu, Prince, Patrie).
Chapelles et nature. À Triesen se trouve la chapelle la plus ancienne du pays : Sankt-Mamert, datant de la fin du 9e siècle. Tout autour, des vignobles. Je m’entretiens avec un vigneron en train de tailler ses pieds de vigne. Il déplore la construction des immeubles modernes au bas de la colline. Nous filons vers le nord du pays, l’Unterland, au paysage bucolique. C’est le début du printemps ! Partout chantent les oiseaux et une multitude de fleurs sauvages font leur apparition.
Le «Liechtenstein Institut». Nous sommes reçus par son directeur, le Dr. Wilfried Marxer, qui nous parle de son pays et des rapports très particuliers qui existent entre le Prince, le Parlement et le Peuple. Alors que la population peut être consultée lors de référendums comme en Suisse, le Prince reste un monarque absolu : c’est lui qui donne son aval ou refuse les lois proposées par le Parlement. Beaucoup de travailleurs sont frontaliers, le chômage n’est que de 2,4%, la population étrangère est de 33%, le secteur des finances, des services, mais également d’une industrie hautement spécialisée et performante font la richesse du pays.
Le musée de la Poste. La maquette d’une diligence postale, avec ses quatre chevaux, me rend nostalgique de «La Petite», ma courageuse 4CV qui n’a surchauffé qu’une seule fois… dans la Vallée de la Mort en plein été ! Une photo rappelle qu’au Liechtenstein comme ailleurs, de braves facteurs distribuaient jadis le courrier à pied. La grande innovation fut l’automobile. Une image montre le bus postal faisant le service Sevelen-Vaduz-Triesenberg. La vieille Mercedes surchauffait-elle aussi parfois ? Le Liechtenstein est surtout connu pour ses magnifiques timbres, appréciés par les philatélistes du monde entier. Dans les années 1930, il y avait, à Schaan, un aérodrome, disparu depuis. C’est ainsi que la poste aérienne arriva au Liechtenstein, desservie par avion, mais aussi par Zeppelin.
Modernité. Quand on ne connait pas le Liechtenstein, on pense automatiquement: «Prince, banques, paradis fiscal, ski et vaches». Pas faux, mais réducteur. Le Liechtenstein est également un pays hautement industrialisé, avec des acteurs qui jouent leur rôle au niveau mondial. Comme la firme Ivoclar Vivadent, un des leaders mondiaux dans le domaine de la prosthétique et de la technique dentaire, à la devise «Passion, Vision, Innovation». Fondée en Suisse en 1923, la firme est liechtensteinoise depuis 1933, emploie 850 personnes dans son site à Schaan, et un total de 3 000 dans 23 pays à travers le monde.
Autre acteur industriel de dimension mondiale, la firme Hilti, fondée en 1941 par les frères Martin et Eugen Hilti, qui produit et vend des outils destinés aux professionnels de la construction. Leur slogan : «Hilti-Performance-Fiabilité». La firme 100% liechtensteinoise est le premier employeur du pays, avec, là encore, un accent sur l’innovation. On retrouve leurs perceuses, carotteuses, visseuses et autres outils à la couleur rouge caractéristique sur tous les chantiers du monde. Hilti emploie 21 000 personnes et génère un chiffre d’affaires de plus de 4 milliards de francs suisses.
Reprenons la route, des Alpes aux Pyrénées. Prochaine étape : l’Andorre.