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Descendue des Alpes liechtensteinoises, «Mini» a escaladé les Pyrénées à la découverte du pays le plus montagneux d’Europe, avec à sa tête deux co-princes : un évêque et un président ! Un pays de vieux ponts et de vieilles chapelles romanes. Et de magasins détaxés.
Nom officiel : Principat d’Andorra / Superficie : 468 km2 /Point culminant : Pic de Coma Pedrosa (2942 m) / Point le plus bas : La rivière Valira à son point d’entrée en Espagne (870 m) / Altitude moyenne : 1997 m / Population : 76 000 (dont 35 000 Andorrans) / Densité de population: 162 personnes/km2 / Langue : catalan / Monnaie : euro
Mini… ature ! Une pyramide, un palmier, une caravane de trois dromadaires… Chose surprenante, en plein Pyrénées ! Surtout quand on sait que l’ensemble tient dans un chas d’aiguille ! Nous sommes dans le Musée de la Miniature, à Ordino. L’œil rivé au microscope, je découvre d’autres œuvres de l’artiste ukraïnien Nikolaï Siadristyi, montrant une famille d’hirondelles qui tient dans une demi graine de pavot ou une carafe et des coupes en or sur un grain de sucre… Notre guide est le propriétaire du musée, un homme au front dégarni et aux longs cheveux gris. Toni Zorzano Riera nous montre fièrement sa collection de crucifix espagnols et d’icones russes et ukrainiennes.
Nous sommes dans notre deuxième mini-État européen : Andorre, seul pays au monde dont la langue officielle est le catalan. On entre dans le pays par le col du Port d’Envalira (2408 m). «Mini» se comporte comme une grande. Réparée entretemps, elle ne surchauffe plus !
Andorre-la-Vieille, la capitale, mérite bien son nom, puisque déjà mentionnée en 839. Cependant, on ne retrouve presque aucun bâtiment ancien. Dans son ensemble, la ville est plutôt moderne, à l’architecture triste et sinistre. Comme la plupart des mini-États d’Europe, l’Andorre jouit d’une réputation de paradis fiscal, ce qui explique la présence de nombreuses banques. À échelle plus modeste, il s’agit d’un gigantesque supermarché où les étrangers viennent acheter cigarettes, alcools, parfums, bijoux, montres, vêtements, appareils photo et autres produits de luxe…
Art et architecture. Cependant, en cherchant bien, on peut trouver dans la vieille ville quelques pépites qui sortent de cette caricature. Sur un pont enjambant la rivière Valira se trouve une sculpture de Salvador Dali, représentant une de ses «montres molles», ce qui nous change un peu des montres de luxe dans les vitrines des avenues Meritxell et Carlemany… Un peu plus haut, dans la commune d’Escaldes-Engordany, qui prolonge la capitale, Caldea, remarquable complexe moderne, conçu par l’architecte Jean-Michel Ruols. Ce centre abrite un spectaculaire ensemble basé sur l’eau thermale. Il s’agit du plus grand spa du sud de l’Europe, où le thermaliste profite de la glace, de la vapeur, de l’air chaud, de l’eau à 38°, de plusieurs bassins à l’intérieur et à l’extérieur, de massages et de soins divers… Ici, ce n’est pas Andorre-la-Vieille, mais Andorre-la-Moderne !
Coprinces et copostes. La principauté d’Andorre fut établie en 1278 par le traité de paréage entre l’évêque de Seu d’Urgell et le comte de Foix. Depuis lors, le petit état est régi par deux coprinces, de nos jours encore l’évêque de Seu d’Urgell et le président français, qui a pris la succession du roi de France et du comte. Dans la «Maison des Vallées» (Casa de la Vall), l’ancien siège du Conseil Général andorran, on peut voir, au fond de la Salle du Conseil, les photos de Monseigneur Joan-Enric Vives i Sicilia, coprince épiscopal depuis 2003, et François Hollande, coprince français depuis 2012.
Autre particularité de la principauté – son régime postal, fraternellement partagé entre «La Poste» française et les «Correos» espagnols, chacun émettant des timbres spéciaux pour l’Andorre. On pourrait parler ici de deux «copostes», réunis parfois sous l’appellation catalane «Correus» ! Ces boîtes aux lettres se trouvent ainsi fraternellement côte à côte – au visiteur de ne pas se tromper et de ne pas mettre une carte postale timbrée «Andorre espagnole» dans une boîte à lettres «Andorre française» !
L’Andorre fait un tabac ! Nombreux sont les touristes qui repartent de la principauté avec leur provision de cigarettes. La plupart ignore que l’Andorre est également producteur de tabac. Partout, nous observons des cultures de cette plante. Septembre est l’époque de la récolte. Une fois coupées, les feuilles sont rentrées dans des granges ou des hangars pour leur séchage. On visite le Musée du Tabac à Sant Julià de Lòria, avec ses expositions et ses présentations audiovisuelles remarquables. La culture du tabac en Andorre remonte au 17ème siècle. Le tabac séché était acheminé vers les manufactures pour y être conditionné suivant l’époque et les besoins du marché : tabac à priser, cigares, cigarettes… Pendant longtemps, le travail était exclusivement manuel, mais dès le début du 20e siècle, la fabrication des cigarettes andorranes était de plus en plus mécanisée. Les produits andorrans étaient très demandés, d’autant plus que leur prix était nettement inférieur à celui de la France et de l’Espagne. De tous temps, être contrebandier fait partie des activités économiques andorranes !
Meritxell. Aujourd’hui, 8 septembre, partout des drapeaux. C’est la fête nationale, la fête Notre Dame de Meritxell, sainte patronne de la principauté. Selon la légende, le jour de la fête des Rois, des habitants du hameau de Meritxell, en se rendant à pied jusqu’au village de Canillo pour assister à la messe, eurent la surprise de trouver un églantier en fleurs dans la neige. Intrigués, ils s’en approchèrent et virent à son pied une image de la Vierge. On décida de la ramener à l’église de Canillo, accompagnée par tous les habitants. Le lendemain, à l’ouverture de l’église, l’image de la Vierge avait disparu. On la retrouva à l’endroit initial, et malgré les fortes chutes de neige de la nuit, le rosier était toujours fleuri et la neige avait fondu tout autour. On emmena la statuette à l’église d’Encamp, avec le même résultat. On décida alors de construire un sanctuaire à l’endroit indiqué par la Vierge. Ce sanctuaire initial fut presque entièrement détruit par un incendie en 1972. La chapelle fut reconstruite, mais la statue de la Vierge de Meritxell n’est qu’une copie de l’original qui avait brulé.
Haute montagne. L’Andorre étant un pays pyrénéen entouré de pics d’environ 3000 m de haut, il était indispensable de faire une randonnée pour apprécier ces montagnes. La haute vallée de Tristaina, avec son réseau de ruisseaux et de rivières, scintille dans la lumière basse du soleil matinal. Une fois une crête de montagnes franchie, l’on tombe sur trois lacs (estany en catalan) : Estany Primer, Estany del Mig, Estany de Més Amunt, dont nous contemplons les eaux paisibles. Sous la surface, de petits poissons, des plantes aquatiques qui étendent leurs lanières.
Neige et glace. Après notre séjour andorran de septembre, nous sommes revenus en février pour des prises de vues hivernales. Au-dessus d’Ordino, dans la station de ski de Valnord-Arcalis, se tiennent pendant trois jours les compétitions de ski et snowboard du «Freeride World Tour», qui réunit des champions du monde entier. Rendez-vous à Grandvalira pour une séance de «mushing» – promenade avec chiens de traineau, puis nous passons la soirée dans l’«Iglù Hotel», véritable palais des glaces, joliment sculpté. Dans les chambres, les lits sont également de glace, recouverts de peaux de bêtes et équipés de sacs de couchage polaires. L’immense igloo, avec ses différentes pièces, est équipé d’une cuisine, d’une grande salle restaurant, et même d’un sauna et de deux jacuzzi, qui communiquent avec le ciel étoilé par un orifice dans le plafond. C’est extravagant, c’est luxueux, c’est beau !
Nounours. Visite matinale à «Naturlandia», parc d’attractions en pleine nature, avec des dizaines d’activités différentes, pour des goûts différents, allant du biathlon au tir à l’arc, en passant par le «Tobotronc», énorme toboggan long de plusieurs kilomètres à travers une magnifique forêt, sur un dénivelé de 400 mètres ! Nous avons essayé : c’est grisant ! Balade en motoneige, à la découverte de la haute montagne. Génial ! Mais le plus intéressant (pour nous) était le parc animalier avec la faune des Pyrénées à l’état semi sauvage, c’est à dire dans de TRÈS grands enclos d’un environnement naturel. L’ours des Pyrénées est venu se montrer, de même qu’un lynx, des loups, des daims, des cerfs et des bouquetins.
Nous remontons dans notre «Mini». Prochaine destination, un petit état en bord de mer : Monaco.