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«Mini» a ramené son chauffeur au pays de son adolescence et a fièrement posé devant le palais princier, devant le casino, et parmi les «Minis» du Rallye Monte-Carlo historique. Visite au pays où le mètre carré coute autant qu’une voiture de luxe… voire plus !
Nom officiel : Principauté de Monaco / Superficie : 2,02 km2 / Point culminant : Point triple séparant Monaco des communes françaises de Beausoleil et La Turbie (A.M.) au bord de la Moyenne Corniche (N 7) (169 m) / Point le plus bas : Mer Méditerranée (0 m) / Population : 37 000 (dont 9 000 Monégasques) / Densité de population: 18 500 personnes/km2 (la plus élevée au monde !) / Langues : français et monégasque (munegascu) / Monnaie : euro
Nous nous sommes donnés rendez-vous sur le port. Un grand homme se dirige vers moi. Il enlève son chapeau de feutre brun. On s’embrasse. Cela fait cinquante ans qu’on ne s’était pas vus ! Richard Projetti est un monégasque, un vrai, une espèce rare ! Nous nous sommes connus en 1965 à la MJC (Maison des Jeunes et de la Culture), où Richard jouait de la guitare dans un groupe rock pendant que je m’occupais de la section photo. Nous nous installons avec une bière sur la terrasse de «La Rascasse». Il m’offre deux «Tintin » en langue monégasque, dont il est l’éditeur : «U secretu d’a licorna» et «U tesoru de Rakamu u Russu». Nous avons un demi-siècle à nous raconter…
Le destin de la principauté de Monaco, le plus petit état du monde après le Vatican, est lié depuis toujours à celui de la dynastie des Grimaldi, aux manettes depuis le 8 janvier 1297, quand François Grimaldi, dit «le Malicieux», s’empara de la forteresse génoise déguisé en moine. Monaco est connu pour son casino et son Grand Prix F1… C’est la résidence des stars et des fortunés de ce monde, avec leurs voitures de prestige et yachts rutilants. C’est aussi un paradis fiscal… du moins pour les Monégasques. Mais n’est pas Monégasque qui veut : il faut être né de parents monégasques, ou alors obtenir la naturalisation grâce au Prince ! La situation fiscale des étrangers semble être à géométrie variable… Mis à part le côté glamour, loin des paillettes, il y a le Monaco inconnu du grand public et ignoré de la presse à scandales, avec son industrie, ses vieux quartiers, ses authentiques Monégasques qui parlent encore le munegascu sur le vieux marché de La Condamine, où l’on vend depuis toujours la socca et les poissons frais ramenés par les derniers pêcheurs artisanaux.
Fourmilière, taupinière, tentaculaire. La principauté manque de place, et les prix grimpent. Les immeubles aussi ! La construction frénétique de buildings de plus en plus hauts, où le mètre carré coûte entre 40 000 € et 90 000 € a fait de Monaco la ville la plus chère au monde. Agglomération tranquille il y a un siècle à peine, Monaco prend des airs de Manhattan-sur-Méditerranée ! Les anciennes demeures se cramponnent à la colline, menacées par ces géants de béton, de verre et d’acier. Combien de temps résisteront-elles encore ? Le destin de Monaco est non seulement de s’élever vers le ciel mais aussi de creuser sous terre. Sous le ravin Sainte-Dévote, la nouvelle gare de Monaco – Monte-Carlo, située dans un long tunnel. Le problème de l’espace vital de Monaco ne peut pas se résoudre uniquement en creusant des tunnels dans la roche ou en élevant des gratte-ciel de plus en plus hauts. Le Prince Rainier III, le «Prince Bâtisseur», l’ayant très vite compris, avait lancé le pays dans des travaux gigantesques : 30 hectares gagnés sur la mer, un accroissement de la principauté de plus de 20% ! Plus récemment, la construction du quai Rainier III et de la jetée Luciana ont considérablement agrandi le port et offert la possibilité aux grands bateaux de croisière d’y accoster. Et dans les coulisses du pouvoir, on parle déjà de futurs agrandissements du territoire…
Le Rocher. Nous montons à pied par la pittoresque «Rampe Major» avec ses briques rouges caractéristiques, débouchant directement sur la Place du Palais. À travers le dédale de petites rues de la vieille ville, nous atteignons la Cathédrale Notre-Dame-Immaculée de Monaco, avec les tombeaux des Princes de Monaco, dont ceux de la Princesse Grace (1929-1982) et du Prince Rainier III (1923-2005). Plus loin, le Musée Océanographique, inauguré en 1910 par le Prince Albert Ier, pionnier de l’océanographie. Surnommé «le Prince navigateur» ou «le Prince savant», il consacra sa fortune et son énergie à la recherche à bord de ses yachts. En face du musée, le Lycée Albert Ier, où j’ai passé une partie de mon adolescence. La nostalgie m’envahit… Que le temps passe vite !
Monte Carlo. Alors que le Rocher a su garder son caractère méditerranéen authentique, Monte Carlo respire le luxe et l’extravagance. En 1856, le prince Charles III de Monaco autorise l’ouverture d’un casino pour compenser la situation financière précaire de la principauté après la perte de 90% de son territoire (Roquebrune et Menton). En 1863, il fonde la Société des bains de mer. Le Casino est inauguré en juillet 1865 sur le lieu-dit «Plateau des Spélugues», rebaptisé «Monte-Carlo» en l’honneur du Prince.
Fontvieille. Le nouveau quartier de Fontvieille abrite, outre des habitations, des industries diverses, l’héliport, le nouveau stade Louis II, et le chapiteau où se tient le célèbre Festival International du Cirque de Monte-Carlo. Plusieurs tunnels routiers, des ascenseurs, des tunnels pour piétons, relient le vieux centre de La Condamine au nouveau quartier de Fontvieille. Ces voies d’accès sont empruntées chaque jour par des milliers de personnes se rendant au centre commercial ou alors par les employés, souvent transfrontaliers, qui travaillent dans les entreprises diverses de cette véritable ville nouvelle gagnée sur la mer.
Nous visitons les Laboratoires Asepta, société monégasque créée en 1943, qui produit des cosmétiques. Autre acteur surprenant : Venturi, créateur de voitures électriques, résolument tourné vers l’avenir. Dans une ambiance jeune et high-tech, on y développe les véhicules de l’avenir. Tous les concepts : moteurs, batteries, gestion de l’électronique et design, sont testés dans des conditions grandeur nature, à travers un Shanghai-Paris, première mondiale d’un raid pour un véhicule électrique de série sans assistance sur 14 000 km, et un record du monde de vitesse établi par la Venturi Jamais Contente sur le lac salé de Bonneville : 495 km/h ! Le Team Venturi Grand Prix participe au championnat du monde de monoplaces électriques FIA Formula E, et bientôt des véhicules électriques Venturi, traverseront l’Antarctique… On est loin du luxe et des paillettes : ici c’est le Monaco des ingénieurs et des ouvriers.
Sport Automobile. On ne peut pas parler de Monaco sans évoquer le célèbre Grand Prix F1 et le prestigieux Rallye Monte-Carlo, l’une des épreuves routières les plus emblématiques au monde, créée en 1911. Entre 1964 et 1967, les «Mini-Cooper» créèrent la surprise face à des concurrents bien plus grands, puissants et prestigieux, en remportant la compétition quatre fois consécutives. Cette année, nous avons pu nous mêler aux «Minis» du Rallye Monte-Carlo Historique !
Nature. Monaco a la densité de population la plus élevée au monde, loin devant Singapour. Malgré cela, il y a de la nature ! L’exemple le plus emblématique est le Jardin Exotique, qui rassemble en plein air, accrochée à la falaise, une grande variété de cactus et autres plantes succulentes, originaires de plusieurs continents. Citons également la réserve sous-marine du Larvotto, petit sanctuaire méditerranéen où, en quelques plongées, j’ai pu admirer la beauté étrange des poissons et des crustacés. C’est sur cette côte qu’est né ma vocation de biologiste de la mer il y a plus d’un demi-siècle.
Mais il est temps de faire surface, de m’installer au volant de la courageuse petite «Mini». En route pour le Vatican, à 700 kilomètres d’ici !
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